Affaire des ports africains : Vincent Bolloré se dirige vers un procès pour corruption
Près de quinze ans après l’ouverture de l’enquête sur l’attribution controversée des concessions portuaires de Lomé (Togo) et de Conakry (Guinée), le milliardaire français Vincent Bolloré devrait être jugé en France pour corruption d’agent public étranger et complicité d’abus de confiance, sauf revirement de la Cour de cassation. La cour d’appel de Paris a en effet rejeté, mardi, sa demande d’annulation de la procédure, confirmant la solidité du dossier instruit par le Parquet national financier (PNF).
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- Par Armand Kaboré
- Vincent Bolloré bientôt jugé en France pour corruption dans l’attribution des ports africains.
L’affaire remonte aux années 2009–2011, période durant laquelle le groupe Bolloré, à travers sa filiale Bolloré Africa Logistics, a obtenu la gestion stratégique des ports de Lomé et de Conakry — deux infrastructures majeures du commerce ouest-africain. Les juges soupçonnent le groupe d’avoir utilisé sa filiale de communication Havas pour faciliter ces contrats en offrant des prestations avantageuses de conseil politique aux présidents Faure Gnassingbé au Togo et Alpha Condé en Guinée, lors de leurs campagnes électorales respectives de 2010. Selon les investigations, ces services auraient été facturés bien en dessous du prix réel, constituant un avantage indu destiné à favoriser l’obtention des concessions portuaires par le groupe Bolloré.
L’information judiciaire avait été ouverte en 2013, après plusieurs signalements d’ONG anticorruption. En 2021, Vincent Bolloré, âgé aujourd’hui de 73 ans, ainsi que deux anciens dirigeants du groupe, avaient reconnu les faits dans le cadre d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), une forme de “plaider-coupable” à la française. Les trois hommes avaient accepté de verser une amende de 375 000 euros chacun, mais le juge d’instruction avait refusé de valider l’accord, estimant que l’affaire devait être jugée publiquement, au regard de sa gravité et de ses implications internationales. L’homme d’affaires a depuis tenté, sans succès, d’obtenir l’annulation du réquisitoire définitif du PNF, arguant de vices de procédure et dénonçant une atteinte à ses droits de la défense.
Les associations Sherpa et Anticor, parties civiles dans le dossier, ont salué la décision de la cour d’appel comme une “nouvelle victoire dans la lutte contre la corruption internationale”. Elles estiment que ce procès doit marquer un tournant dans la responsabilité des multinationales françaises en Afrique, longtemps accusées d’utiliser leur influence pour sécuriser des contrats publics dans des contextes politiques fragiles. Si la Cour de cassation confirmait la décision de la cour d’appel, Vincent Bolloré serait alors formellement renvoyé devant le tribunal correctionnel, ouvrant la voie à un procès très attendu, tant en France qu’en Afrique de l’Ouest.
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