Ali Konaté, le “banquier” d’Ibrahim Traoré, au centre d’un vaste système de blanchiment et de déstabilisation
Une enquête approfondie révèle le rôle central d’Ali Konaté, homme d’affaires proche du pouvoir burkinabè, identifié comme le gestionnaire occulte des fonds du capitaine Ibrahim Traoré. Les investigations démontrent son implication dans des opérations de blanchiment, le financement d’activistes et des transactions financières opaques visant à déstabiliser Abidjan, confirmant l’existence d’un réseau structuré de flux illicites à dimension régionale.
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- Par Armand Kaboré
- Ali Konaté, l’homme de l’ombre du capitaine Ibrahim Traoré, au cœur du réseau de blanchiment et de manipulations régionales.
Il est décrit comme « l’homme de confiance » du capitaine Ibrahim Traoré, le chef de la junte burkinabè. De Bobo-Dioulasso à Dubaï, en passant par Bamako et Niamey, Ali Konaté, entrepreneur malien naturalisé burkinabè, serait au cœur d’un vaste réseau de blanchiment d’argent, de détournements de fonds publics et de trafics d’or qui alimentent, selon les conclusions d’une enquête d’Ouest Afrik, le financement occulte du pouvoir de Ouagadougou. L’enquête, fondée sur des documents financiers, des témoignages croisés et des sources sécuritaires dans plusieurs pays, dévoile les contours d’un système parallèle mêlant affaires, politique et influence numérique.
L’homme de l’ombre du pouvoir
Selon Ouest Afrik, Ali Konaté n’est pas un homme politique, mais son nom revient dans presque tous les circuits financiers sensibles du Burkina Faso depuis la prise de pouvoir du capitaine Traoré. Dirigeant de plusieurs sociétés — Kangala SARL (BTP), Kangala Transport et Hydrocarbure, et Kangala Air Express, une compagnie aérienne opérant dans la zone AES —, il agirait comme l’intermédiaire financier et logistique du régime, en lien avec des partenaires établis à Dubaï, au Mali et au Niger. Les enquêteurs d’Ouest Afrik affirment qu’il « gère une partie des flux financiers personnels du capitaine Traoré » et qu’il aurait recours à des circuits de transfert informel (“hawala”) pour faire transiter d’importantes sommes vers Dubaï. Les montants évoqués atteindraient jusqu’à 2,5 milliards de francs CFA envoyés chaque semaine hors des circuits bancaires classiques.
Un réseau opaque entre Dubaï, Bamako et Ouagadougou
Les informations recueillies par Ouest Afrik montrent qu’Ali Konaté a tissé, depuis 2022, un réseau d’entreprises-écrans couvrant plusieurs secteurs : hydrocarbures, logistique, aviation, mines et transport d’or. Les enquêteurs citent également la société émiratie Al Asbar Auto Industry, spécialisée dans le blindage de véhicules, dont Ali Konaté serait actionnaire. À Dubaï, il détiendrait plusieurs biens immobiliers et disposerait d’un réseau de prête-noms au sein des centres commerciaux Dragon Mart et Deïra, utilisés, selon les sources, pour le recyclage de capitaux issus de transactions aurifères non déclarées. Ces flux financiers s’accompagnent d’une forte activité d’orpaillage illégal dans l’Ouest burkinabè. L’enquête mentionne des opérations de revente d’or brut aux Émirats arabes unis, sans traçabilité douanière complète. Selon nos infos, les gains de ce commerce informel servent à financer des opérations politiques, sécuritaires et médiatiques au profit du régime militaire à Ouagadougou.
Le financier des campagnes numériques pro-AES
Un autre pan de l’enquête concerne le financement d’activistes et de plateformes numériques chargés de défendre les régimes militaires du Sahel et d’attaquer les gouvernements considérés comme “hostiles” à l’Alliance des États du Sahel (AES). Des transferts de fonds vers des influenceurs basés au Mali, au Burkina Faso et au Niger auraient été identifiés, notamment pour soutenir les campagnes anti-françaises et anti-Cedeao, et pour déstabiliser médiatiquement la Côte d’Ivoire et le Bénin. Des sources proches d’Ali Konaté affirment qu’il aurait joué un rôle central dans le revirement spectaculaire de l’activiste ivoirien Johnny Patcheko. Longtemps soutien affiché du pouvoir d’Abidjan et critique virulent du capitaine Ibrahim Traoré, l’influenceur a soudainement changé de ton, devenant l’un des plus ardents défenseurs du dirigeant burkinabè et de l’Alliance des États du Sahel (AES). Les enquêteurs soulignent que ces réseaux numériques, souvent pilotés depuis Dubaï ou Bamako, bénéficient de ressources en provenance directe des sociétés liées à Ali Konaté, ce qui fait de lui « le banquier invisible du narratif pro-AES ». Certains de ces comptes ont été associés à des campagnes de désinformation ou de manipulation d’opinion en ligne. Enfin, l’enquête affirme qu’Ali Konaté aurait joué un rôle actif dans plusieurs opérations de déstabilisation avortées, notamment en direction de la Côte d’Ivoire, considérée par Ouagadougou comme un rival diplomatique. Ses réseaux d’influence, mêlant Dozos, VDP et activistes, seraient régulièrement utilisés pour des opérations de propagande ou d’intimidation politique.
Un allié personnel d’Ibrahim Traoré
Toujours selon l’enquête, les liens entre Ali Konaté et le capitaine Traoré remontent à la période antérieure au coup d’État de 2022. Des proches de l’armée confirment qu’ils se rencontraient régulièrement à Ouaga 2000. La mère du capitaine aurait elle-même recommandé à Konaté de “protéger” son fils et de lui “donner des conseils”. Depuis, l’homme d’affaires serait devenu l’un des plus proches soutiens du chef de la Transition, intervenant comme conseiller informel et intermédiaire mystique dans certaines décisions stratégiques. Des dons massifs — motos, équipements militaires, financements d’unités Dozos — ont renforcé son influence dans l’appareil sécuritaire.
Des affaires tentaculaires et une impunité apparente
Les données collectées par Ouest Afrik font état d’une dizaine de sociétés liées à Konaté, certaines enregistrées au Burkina Faso, d’autres dans des juridictions offshore. Son entreprise Kangala Air Express, lancée en 2024, exploite trois avions ATR et deux jets privés. Officiellement, elle dessert les capitales de l’AES. Officieusement, selon plusieurs sources douanières, elle aurait servi à transporter discrètement de l’or et des devises vers Dubaï et Niamey. Ses activités s’étendraient aussi au secteur du BTP et de la sous-traitance publique. En 2023, Kangala SARL avait soumissionné à un important marché de voirie de la SONATUR, sans être retenue. Mais malgré les soupçons et les alertes, aucune enquête judiciaire n’a été ouverte à ce jour à Ouagadougou. “Tout le monde sait qu’il est intouchable”, confie une source sécuritaire citée par Ouest Afrik.
Silence officiel et absence de démenti
Contactés par Ouest Afrik, les proches d’Ali Konaté n’ont pas répondu aux sollicitations adressées à ses bureaux de Ouagadougou et de Dubaï. Les autorités burkinabè, elles, se refusent à tout commentaire sur ce dossier sensible, qu’un haut responsable qualifie de “stratégique pour la sécurité nationale”. L’opacité reste totale, alors même que le Burkina Faso traverse une crise économique et sécuritaire sans précédent. Qu’il soit “facilitateur économique” ou “caissier officieux”, selon les expressions des enquêteurs, Ali Konaté incarne le système parallèle, sombre, de blanchiment d’argent qui soutient aujourd’hui la junte burkinabè. Son ascension fulgurante, ses connexions multiples et son silence médiatique en font une figure à part : celle de l’homme qui sait, qui finance et qui protège. Pour Ouest Afrik, son profil révèle la dérive d’un pouvoir militaire qui, tout en prônant la souveraineté, s’appuie sur des circuits d’argent opaque et des réseaux transnationaux aux contours de plus en plus flous. Ali Konaté possède la citoyenneté américaine, tout comme ses enfants et sa sœur, établis depuis plusieurs années aux États-Unis. Cette dimension internationale ajoute une part de complexité à son profil.
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