Bulgarie : le gouvernement démissionne après d’importantes manifestations contre la corruption
Le gouvernement bulgare a annoncé sa démission jeudi, au lendemain d'une nouvelle manifestation de masse pour dénoncer la corruption dans l'appareil de l'État et à trois semaines de l'entrée de la Bulgarie dans la zone euro. «Je vous informe (...) que le gouvernement démissionne aujourd'hui», a déclaré le premier ministre Rossen Jeliazkov au cours d'une conférence de presse, au moment où les députés examinaient une motion de censure de l'opposition.
International

- Par Paul-Rigobert Kouadio, Avec l’Agence France Presse.
- Bulgarie : la rue fait tomber un gouvernement fragilisé par les accusations de corruption
Mercredi soir, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dans la capitale Sofia et dans d'autres villes du pays, dans une nouvelle démonstration de colère contre des dirigeants accusés de corruption. La vague de mécontentement, sans précédent depuis plusieurs années et avec une présence importante de jeunes, avait commencé fin novembre, lorsque le gouvernement avait tenté de faire voter via une procédure accélérée le budget 2026, le premier libellé en euros. «Je suis ici parce que la corruption est partout. La situation est intolérable. Une grande partie de mes amis ne vivent plus en Bulgarie et ne reviendront pas», a déclaré à l'AFP mercredi soir Gergana Gelkova, une employée de commerce de 24 ans qui manifestait dans la capitale bulgare, ajoutant qu'«il faut que les parasites quittent le pouvoir».
Après sept élections en moins de quatre ans, le fragile gouvernement de Rossen Jeliazkov avait été formé en janvier, rassemblant une coalition de circonstance entre les conservateurs du GERB de l'ancien premier ministre Boïko Borissov et trois autres formations. Sous la pression de la rue, il avait retiré le 3 décembre son projet de budget, qui prévoyait la hausse d'impôts et de cotisations sociales. Autant d'augmentations destinées à dissimuler des détournements de fonds, affirment les contestataires et l'opposition.
Nouvelles élections en perspective
Un nouveau projet de budget a été présenté au Parlement en début de semaine mais sans apaiser la colère. Selon le directeur de l'agence de sociologie MarketLinks, Dobromir Zhivkov, «la société bulgare est très largement unie contre le modèle de gouvernance du pays». «Plus de 70% soutiennent la vague de protestations», a-t-il ajouté, citant une étude parue jeudi. Après la manifestation massive de mercredi, à l'appel notamment de la coalition réformiste et pro-occidentale «Nous continuons le changement - Bulgarie démocratique» (PP-DB), le président Roumen Radev et l'opposition avaient appelé le gouvernement à démissionner. La décision de Rossen Jeliazkov de jeter l'éponge intervient à un moment où ce petit pays des Balkans, le plus pauvre de l'Union européenne, s'apprête à introduire la monnaie unique le 1er janvier, ajoutant au malaise des Bulgares qui craignent une envolée des prix.
Le processus de changement de monnaie ne devrait cependant pas être affecté car les institutions directement impliquées dans le processus, «telles que la Banque nationale bulgare, sont indépendantes», a souligné auprès de l'AFP Petar Ganev, chercheur senior à l'Institut pour l'économie de marché (IME). Toutefois, pense-t-il, «tout problème mineur lié à l'introduction de l'euro, tel qu'une augmentation de prix ou un distributeur automatique de billets hors service, deviendra un sujet de débat politique».
En vertu de la Constitution bulgare, la démission du gouvernement doit être désormais avalisée par le Parlement. Ce dernier se réunira vendredi matin. Il incombe ensuite au chef de l'État de confier un mandat pour la formation d'un nouveau gouvernement dans le cadre de l'assemblée actuelle. Mais les principaux partis politiques ayant d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne comptaient pas s'allier, le président convoquera des élections extraordinaires, celles-ci devant se dérouler dans les deux mois qui suivent. Mardi, Petar Radev avait annoncé vouloir créer son propre parti.
L'insatisfaction actuelle pourrait «lui offrir une entrée fracassante au Parlement», estime Boryana Dimitrova, la directrice de l'institut de sondages Alpha Research, interrogée par l'AFP, qui voit aussi un autre scénario possible : «que les manifestations ramènent dans le jeu une alternative libérale comme PP-DB».
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